Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours été de nature extrovertie et extrêmement sociable. J’ai toujours adoré passé du temps avec famille et amis…du style plus on est de fous, plus on s’amuse. D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours eu tendance à m’entourer d’une panoplie d’amis et ce genre de comportement a continué jusque dans ma vie adulte. Mes semaines étaient remplies d’activités et lorsque j’avais le choix, je choisissais de sortir m’amuser plutôt qu’une soirée tranquille à la maison à tout coup. Pour dire vrai, je me sentais à mon meilleur dans des situations sous pression et plutôt chaotiques.
Et puis un jour, une inflammation au cerveau qui se nomme encéphalite est survenue et a engendré une lésion cérébrale. Une fois que les docteurs sont parvenus à identifier le problème, j’ai rapidement été relâchée de l’hôpital. Je me retrouve à nouveau dans le petit train-train du quotidien avec très peu d’information concernant ce à quoi le rétablissement ressemblerait, d’estimation concernant le temps de convalescence et des séquelles potentielles engendrées par l’encéphalite. Cela dit, il ne m’a pas pris trop de temps pour me rendre compte que les choses étaient bien différentes. Une des premières choses qui m’a pris par surprise c’est la façon dont l’anxiété semblait prendre emprise sur mon corps et mes pensées. N’ayant jamais été une personne anxieuse, c’était une sensation qui était bien étrange pour moi suivant l’encéphalite. Plus souvent qu’autrement, mon cerveau était rempli d’une multitude de pensées et d’inquiétudes, j’étais victime de terribles nausées, mon cœur battait la charade, je transpirais tout comme si je venais de courir un marathon et le tout se culminait avec une sensation de fatigue physique et mentale des plus intense. J’étais en mesure de rationaliser ce qui se produisait et j’étais capable d’identifier les éléments déclencheurs, mais ces symptômes étaient tellement anormaux pour moi que j’avais l’impression de vivre dans le corps de quelqu’un d’autre.
L’anxiété m’affecte dans une variété de situations. Pour vous donner un exemple, la collecte des enfants de l’école demeure encore un défi pour moi. Il se passe trop de choses en même temps. Il y a trop d’enfants qui courent ici et là, trop d’enfants qui jacassent à haute voix, trop de personnes rassemblées dans un même endroit et puis...il y a moi. Moi qui tente désespérément de me ressaisir devant les parents et enseignants. Tout à coup, c’en est trop pour mon ‘Weird Wonderful Brain’ et l’anxiété prend le dessus.
C’est comme si mon cerveau lâchait un grand cri me disant ‘Arrête, sort d’ici et vite…tout ce brouhaha est bien trop pour moi’.
Dans un certain sens, je peux bien voir le caractère ridicule de tout ça, mais du coup, c’est exactement ce qui se passe dans mon ‘Weird Wonderful Brain’. Ces émotions et sensations sont tellement différentes du moi avant l'encéphalite que j’ai l’impression de vivre dans un corps complètement inconnu. Tout comme si des petits martiens d’une galaxie lointaine s’étaient emparés de moi et m’avaient remplacé par une copie conforme de mon corps, mais doté d’une toute nouvelle personnalité. J’aimerais bien blaguer ici, mais prenant part à plusieurs forum en ligne ou des survivants d’encéphalite peuvent échanger, je ne semble pas être la seule personne qui se promène avec un moi tout nouveau.
L’anxiété est maintenant un aspect que je dois gérer à tous les jours. Il y a des jours où elle a peu d’emprise sur moi, et d’autre ou je dois simplement me retirer dans la sécurité de ma bulle. Avec le temps, j’ai remarqué que je deviens particulièrement anxieuse lorsque je me retrouve en compagnie de personnes qui ne connaissent pas l’ancien moi, alentour de personnes qui ne me connaissent pas très bien, alentour de personnes qui ne sont pas familières avec les effets long terme d’une lésion cérébrale et lorsque je me retrouve dans une situation où je crois, à raison ou à tort, que je dois performer. Plusieurs diront qu’ils vivent eux aussi plus de stress, pression ou anxiété lorsque des situations similaires se présentent. Je trouve ainsi un certain confort dans le fait que je ne suis pas seule à gérer cet aspect.
Dans mon cas, plusieurs des raisons qui sous-tendent mon anxiété proviennent des effets résiduels que l’encéphalite m’a laissé. À titre d’exemple, mon allocution peut être très lente et saccadée, mon état d’esprit n’est plus aussi vif et aiguisé et je deviens alors très mal à l’aise voir gênée de me voir ainsi. Conséquemment, la confiance en moi-même disparait à vue d'oeil et mes habiletés se trouvent grandement affectées. À partir de ce moment, je me tracasse à propos de la façon dont je serai perçue, à savoir si je pourrai m’exprimer clairement, à voir si je parviendrai à suivre la conversation et comprendre ce qui se déroule alentour de moi, de ce que les autres penseront et lors d’une mauvaise journée, la liste de mes tracas n’a pas de fin.
De temps à autre, je crois que ce qui nourrit tant mon anxiété est le fait que j’essaye d’agir comme l’ancienne moi. Je crois réellement avoir le grappin sur quelque chose en disant cela. Le changement de personnalité est tel qu’en essayant de faire fonctionner mon cerveau d’une façon dont il ne peut fonctionner dorénavant, j’active ma propre anxiété. Mon cerveau n’approuve pas que je le fasse travailler si fort. Le cerveau est un organe très ingénieux et je crois que si je suivais le courant plutôt que de le lutter que je réussirais à mieux apprécier les nouvelles facettes de ma personnalité que l’encéphalite m’a donné. Cela dit, c’est beaucoup plus facile d’écrire ces mots que de les mettre en pratique. J’espère ardemment qu’un jour je réussirai à trouver un juste milieu entre l’ancienne et la nouvelle moi…le meilleur des deux mondes quoi!
Alors tout cela pour dire, s’il vous plait pardonnez mes comportements un peu inusités. La femme qui n’a aucune crainte des regroupements sociaux se cache simplement sous des mécanismes de protection qui lui permettent de gérer sa situation au quotidien. J’adore toujours autant rire et bavarder, mais plusieurs des petits plaisirs de la vie doivent être gérés différemment. Je souhaite toujours faire partie de la vie des gens si superbes qui m’entourent. Famille et amis, je vous en prie continuez d’être tout aussi patient avec moi. Mes interactions doivent être minimisées pour un peu plus longtemps, mais avec espoir, pas éternellement.
Traduction de la version anglaise 'Brain Injury and Anxiety'
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